Le dérailleur vélo, ce tueur implacable 😨
Bonjour à toutes et tous, bienvenu dans l’espace détente de la bicycle ! 🥱 Et ici, en ce moment, nous ne lâchons rien sur l’histoire avec un grand H !
La rédaction de la bicycle a mis ses habits d’archéologue, pour fouiller un peu le passé du vélo. 🧐 Notre sujet précédent a traité de l’histoire de la marque Specialized.
Cette fois, on mène l’enquête sur une pièce maîtresse de tous les cycles. Il s’agit du dérailleur de vélo, que vous avez tous sur vos vélos de route ou vos VTT !
Elle vous aide à gravir les montagnes, à travailler le foncier, et bien d’autres choses encore. Il n’est pas né avec le vélo, mais bien après.
Pourquoi est-il apparu ? Comment le dérailleur arrière de vélo a-t-il évolué ? Comment faisaient les coureurs cyclistes avant que cette pièce de transmission vélo ne soit au point ? Nos réponses en quelques lignes !
Qui a créé le premier dérailleur de vélo ?
Tenez-vous bien, les sources sont multiples, les dates fusent, les noms aussi. Il a fallu creuser, heureusement qu’on est équipés ! Pour situer tout ça, revenons sur la naissance du vélo. 😤
1818, la Laufmashchine du baron Drais von Sauerbronn voit le jour, c’est une machine à courir. En France, on l’appelle Draisienne, en Angleterre, Hobby Horse.
L’apparition du vélo à pédale date des années 1860. Les débats font rage, les historiens hésitent entre 1864, 1866, 1868. Les noms de Michaux, Lallement, Radison sont avancés pour l’invention de cette bicyclette à pédale. On doit à un immigré italien le premier brevet, Viarengo de Forville, déposé en 1870.
Le dérailleur va naître quasiment au même moment. Un prototype est présenté au salon du vélo de Paris en 1869. 6 ans plus tard, l’ingénieur Jean Loubeyre conçoit son Polycélère !
Un dérailleur arrière de 2 vitesses. En 1904, Vincent Piereschi apporte sa contribution et le dérailleur subit une cure d’amaigrissement. Il passe de 2 kilos à 400 grammes !
Mais cela restera un prototype. Il faudra attendre 1908 pour voir les premiers modèles commercialisés (Boizot, Hervier, Perret). Le dérailleur accèdera à la vraie popularité en 1912 avec Joanny Panel.
Avant d’aller plus loin sur l’histoire du dérailleur, vous pouvez regarder cette petite vidéo YouTube très claire !
Pourquoi avoir créé cette pièce de vélo ?
Quand nous avons parlé du dérailleur comme un tueur de roue réversible, certains nous ont ri au nez. On a eu toutes les réactions : « c’est quoi cette histoire de roues réversibles ? ».
Ou encore, « avant le dérailleur c’était les pignons fixes », et « le dérailleur a toujours existé, renseignez-vous ! ». C’est ce qu’on a fait ! 😉. Les amis, pouvoir changer de vitesses est une innovation majeure en cyclisme !!
Même le vélo à assistance électrique ne lui arrive pas à la cheville ! C’est Gentullio Campagnolo, à Trévise, qui mettra au point le dérailleur d’aujourd’hui. Il a voulu créer un équipement pour changer de braquet sans arrêter de pédaler.
Avant le dérailleur arrière de vélo, les coureurs cyclistes et les autres avaient uniquement 2 possibilités. La roue arrière était équipée d’un petit pignon pour le plat, et un grand pour les montées.
Comment c’est possible ? Un de chaque côté ! Problème : ils devaient s’arrêter changer de vitesse !
Imaginez : partir avec les outils, s’arrêter en bas de la côte, enlever la chaîne, la roue, la retourner, puis remonter le tout.
Pas de quoi grimper un col comme un pro ! L’histoire ne dit pas comment ils géraient le surplus de longueur de chaîne (on pense à un tendeur de chaînes). Et oui, pignon de 13 ou pignon de 32, la chaîne n’a pas la même longueur !
Les motivations premières pour créer un dérailleur sont les suivantes :
- Économiser des forces quand c’est dur. 🥵
- Gagner en puissance quand c’est possible. 🤑
Comment le dérailleur vélo s’est fait une place chez les pros ?
Il semblerait que ce soit notre ami Panel qui ait fait sortir le dérailleur du monde du cyclotourisme. Le Tour de France de 1911 franchit pour la première fois le col des Alpes. Panel a voulu en profiter pour expérimenter son dérailleur, mis au point avec son ami Bouillier.
Il fait partie des 81 participants inscrits dans la catégorie « isolés » pour le Tour 1912. Panel est en fait un artisan fabricant de vélo qu’il équipe de ses dérailleurs à piston. Il court à ses heures perdues, mais très bien ! Il arrivera à franchir la ligne d’arrivée pour le Tour 1913 !
Le coureur prendra donc le départ du Tour 1912 avec son vélo « Le Chemineau ». Celui-ci était doté d’un dérailleur à 3 vitesses. C’est sûr, une telle innovation technologique devait lui donner un réel avantage.
Mais il n’a pas pour autant gagné ce Tour de France, remporté par le Belge Odile Defraye. Panel a du abandonner le Tour à cause d’un cadre cassé !
Suite à sa participation, Henri Desgranges – directeur du Tour de France, a interdit le dérailleur aux équipes de catégories « as » jusqu’en 1937. Il a également mis en question une autre innovation technique, la roue libre. Mais c’est une autre histoire, nous y reviendrons dans un autre article ! 🤔
C’est grâce à Paul de Vivie que le dérailleur sera autorisé sur le Tour de France en 1937. Cet industriel, propriétaire d’une manufacture de cycles, a contribué à la modernisation du vélo.
Il voulait d’abord qu’il soit facile à utiliser pour les cyclotouristes. Ce manufacturier fera de nombreux essais avec des techniques de changement de vitesse différentes (bichaîne, chaîne flottante). C’est le dérailleur « Super Champion » d’Oscar Egg qui sera le seul à être autorisé sur le Tour.
La suite de l’histoire du dérailleur vélo : des évolutions techniques mineures
Le dérailleur arrière continue son bonhomme de chemin. En 1928, c’est un propriétaire de magasin de vélo, Lucien Juy, qui lancera le premier dérailleur Simplex (un seul galet). 1933 est l’année où son dérailleur était monté sur les vélos de coureurs victorieux sur championnats français.
La même année, c’est Gentullio Campagnolo qui commercialise son dérailleur à fourchette (fabriqué dans la quincaillerie paternelle). En 1936, Antonin Magne remporte le Championnat du monde avec un simplex.
En 1935, Juy produit son dérailleur Super Simplex, un modèle à parallélogramme articulé.
Il faudra attendre 20 ans pour la prochaine innovation (oui, c’est quand même un peu long, mais l’Europe a subi une guerre mondiale). 😢
En 1951, Campagnolo sort son Gran Sport, un parallélogramme déformable. C’est en 1956 que Shimano (le Japon est l’île du vélo, rappelez-vous) sort une copie du Simplex, le 3.3.3, à chaîne et galet.
La deuxième évolution technique du dérailleur survient au même moment. La marque Suntour commercialise un dérailleur à parallélogramme penché (le Iwai Wide).
Le Japonais Nobuo Ozaki sera à l’origine de cette innovation. Ce nouveau modèle apporte précision et vitesse aux changements de vitesse. Le galet supérieur du dérailleur est toujours à même distance du pignon d’usage.
Un peu plus de 36 ans plus tard, et quelques courses pros, Mavic innove avec son dérailleur électrique. Les vélos des coureurs de ONCE (Jalabert) et RMO (Virenque) en seront équipés sur le tour 1992. Mais c’est bien toujours le concept de dérailleur incliné qui est la base du montage.
Shimano lui emboîte le pas en 2009 avec sa commande électrique Di2. N’oublions pas le dérailleur indexé, les dérailleurs à commande hydraulique et pneumatique. L’avenir du dérailleur ? Le moyeu à vitesses intégrées (né au début XXe) sera peut être son fossoyeur !
Les alternatives au dérailleur vélo
En 1871, un certain James Starley aurait créé l’Ariel, l’un des premiers vélos à engrenages. D’autres possibilités de changement de vitesse par engrenage sur le moyeu arrière auraient vu le jour en 1889.
Un certain Docteur Mathieu aurait utilisé un vélo à deux vitesses fabriqué par Barberon & Meunier. Ce constructeur aurait aussi produit un vélo à trois vitesses.
En France, en 1897, Jean Fasano aurait posé sur des vélos Manufrance un système à deux chaînes avec changement de vitesse. Ces équipements étaient composés de leviers mécaniques qui descendaient le long du tube de cadre.
Le cycliste, en les actionnant, pouvait faire sauter la chaîne d’un pignon à l’autre. Cela lui évitait de s’arrêter pour retourner la roue réversible. Mais il devait faire attention de ne pas mettre les doigts dans les rayons ! 🤕
En 1901, deux Anglais inventent un moyeu à vitesses intégrées. Sturmey et Archer l’ont équipé de trois paliers au développement différent. Ce dispositif est très répandu sur les vélos en libre service aujourd’hui.
D’autres moyens de transmission ont vu le jour : la transmission par corde, ou string. Robert Kohlheb, un Hongrois, a créé le « string Bike » en 2010.
La mode des pignons fixes revient aujourd’hui avec les vélos fixies, très prisés par les vélotafeurs urbains. Le dérailleur est carrément au chômage ! 😉
Paul de Vivie (encore lui) voulait que la bicyclette soit le plus commode possible. Il mettra au banc d’essais de multiples machines à changements de vitesse (avec chaîne, chaîne flottante…).
Les fabricants testeront sans succès d’autres dispositifs. Ce sont : boite de vitesse dans le pédalier, vélo à deux chaînes (3 vitesses, dont 2 par rétropédalage). Mais aussi cycle à 6 vitesses (2 chaînes et 3 vitesses dans le moyeu). Quelle aventure, en seulement quelques décennies !
L’histoire du dérailleur en résumé :
- Avant le dérailleur, les coureurs avaient une roue réversible avec un pignon de chaque côté.
- Le dérailleur tel qu’on le connaît est né dans les années 30, pour être perfectionné dans les années 50.
- Ce concept du changement de vitesse est quasi concomitant avec l’apparition du vélo, au début du XXe siècle.
- Le tour de France n’autorise qu’en 1937 le dérailleur.
- La vraie deuxième innovation apparaît avec Shimano en 2009 avec sa transmission intelligente (Di2).
- Personne n’a encore révolutionné le principe du dérailleur à parallélogramme aujourd’hui !
Mon arrière grand père fils d’ immigrants italiens de nom Apprato aurait participe au développement du derailleur ? En avez vous entendu parlé ? Il serait codétenteur d’un brevet d’invention ? Ou puis je me renseigner ? Les brevets d’inventions ont ils été numérisés ? Merci pour votre diligence
Viviane Fourguette Nahama arrière petite fille APPRATO
l idee etait deja en place ensuite lamelioration cest faite dannees en annees mais on voit qu a lepoque les gras netaient pas béte un peu comme quand ils nous disent qu au moyen age cetait tous des sans dent feroce quils ne se lavaient pas
Superbe reportage, merci
Très intéressant de lire cette histoire sur cet equipment absolument indispensable du vélo, tous les cyclistes l’utilisent (pas sur tous mes vélos car je fais aussi un peu de roue fixe) sans en connaitre l’histoire.